Trump joue le démantèlement de l’Europe

Comme il est difficile de l’ignorer, les autorités européennes ont les plus grandes difficultés à régler leurs propres différents, ou à les masquer. Si cela ne suffisait pas pour aggraver le démantèlement de l’Union européenne et de l’union monétaire, on peut compter sur Donald Trump pour appuyer là où cela fait mal afin de les diviser d’avantage. Car sa stratégie est clairement d’imposer à terme à chacun de ses membres de négocier des accords commerciaux bilatéraux dans le cadre de rapports de forces favorables.

Où va l’Europe ? les qualificatifs nous manquent

L’ère des consensus européens est terminée, celle des divergences qui s’accentuent a débuté. Deux grands sujets font désormais l’objet de profondes dissensions, l’attitude envers les réfugiés tient la vedette et une discussion sur la stratégie de désendettement pointe timidement. Circonstance aggravante, ils sont liés entre eux. Tout juste colmatée sans être réglée, un rebondissement sous la forme de la crise grecque était craint, mais c’est à un délitement de l’Europe auquel on assiste, l’Italie menant la danse.

Les États-Désunis d’Amérique

Par Roberto Boulant

Conséquence logique d’une société clivée à l’extrême par les inégalités et un basculement démographique qui voit la population blanche reculer inexorablement (un nouveau-né sur deux est « non-blanc » suivant la terminologie raciale), on savait déjà que Donald Trump n’était pas vraiment le 45ème président des États-Unis, mais plutôt le 1er président de son seul électorat. Quitte à faire de la recherche systématique des tensions internes et externes, sa principale méthode de gouvernement pour se maintenir.

Les lignes bougent de tous les côtés

La provocation de Matteo Salvini a atteint son but au-delà de toute espérance. Il a mis en évidence la cacophonie européenne qui ne demandait qu’à se réveiller à propos des réfugiés et dont il entend profiter. Elle ne va pas manquer de s’exprimer lors du sommet de fin juin, où une nouvelle réglementation succédant à celle Dublin n’a aucune chance d’être trouvée. Entre répartir une immigration sélectionnée grâce à la redéfinition du droit d’asile et barricader les frontières de l’Europe, le choix est impossible.

L’insaisissable changement de l’ordre mondial

Combien de temps vont-ils continuer à jouer à faire semblant, à déplorer l’abandon des relations à l’ancienne mode ? Donald Tusk, le président de l’Union européenne, est dans le vrai quand il reproche à Donald Trump de défier « l’ordre mondial » à l’occasion du G7, mais dans le faux quand il considère implicitement que celui-ci est immuable. D’où le malaise de dirigeants devant cet ordre en train de basculer, qu’ils ne savent pas comment rattraper.

Une fois de plus, les Américains ont un temps d’avance

À la lumière des évènements, il est permis de se poser une question dérangeante. Et si Donald Trump exprimait, par ses outrances et sa vulgarité, la démesure d’une Amérique non pas déclinante mais relevant la tête et allant l’emporter ?

Certes, les images de la pauvreté et du délitement de la situation des classes moyennes ne peuvent être effacées. Mais elles n’illustrent qu’un seul déclin, celui de l’économie, auquel le président américain s’attache présentement à répondre au détriment de ses alliés. La domination américaine sur le plan financier et militaire, qui vont de pair, n’ont pas été atteints. C’est même … Lire la suite